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Les luttes subtiles pour la justice, en passant par les luttes indignes et les régressions grossières

Oct 10

Temps de lecture : 3 min

« La justice est la première des libertés. »— Robert Badinter


I. Les luttes subtiles dans les démocraties libérales

Les grandes conquêtes du XXᵉ siècle — droits des femmes, abolition de la peine de mort, indépendance de la justice, liberté d’expression — ont façonné les démocraties libérales modernes. Pourtant, à mesure que ces acquis se consolident, de nouvelles luttes plus subtiles émergent, fruits de la complexité du monde contemporain.

Ces luttes ne se jouent plus uniquement dans les tribunaux ni dans la rue, mais dans les consciences, les réseaux et les mots. Elles portent sur l’égalité réelle, la protection des minorités, la transparence des institutions, la régulation des géants du numérique ou encore la préservation du climat. Ce sont des combats où le droit, la morale et la technologie s’entrelacent.


« La justice, ce n’est pas seulement le respect de la loi ; c’est le respect de l’homme. »— Robert Badinter


Ainsi, la justice climatique, les droits numériques, la lutte contre les discriminations algorithmiques ou les violences en ligne sont devenus les nouveaux champs de bataille d’une conscience démocratique en mutation.Ces luttes sont subtiles parce qu’elles exigent de la lucidité et du discernement : elles opposent souvent des libertés entre elles — liberté d’expression contre dignité, liberté économique contre égalité sociale, sécurité contre vie privée.

Elles révèlent aussi les fractures internes des démocraties : celles qui s’indignent avec sincérité, mais s’épuisent à force d’hypervisibilité et d’indignation sélective.La justice, disait Badinter, « n’est jamais acquise ». Elle doit s’adapter à des formes de domination devenues invisibles, souvent technologiques ou culturelles.


II. Les luttes indignes dans les autocraties

Pendant que les démocraties affinent leurs combats, d’autres peuples se battent encore pour des droits que d’autres tiennent pour acquis.En Russie, manifester contre la guerre est un crime. En Iran, le voile devient instrument d’oppression et de mort. En Égypte, l’indépendance de la justice est un simulacre, les prisons regorgent de journalistes et d’opposants. En Chine, les tribunaux obéissent au Parti. En Inde, les minorités religieuses subissent une justice à deux vitesses. En Algérie, se réunir pacifiquement ou publier un texte critique peut suffire pour être arrêté.


« Il n’y a pas de justice sans liberté, ni de liberté sans justice. »— Robert Badinter


Ces luttes, dites “indignes” non pas parce que ceux qui les mènent le sont, mais parce que le contexte les abaisse, rappellent que le droit reste souvent une fiction dans les régimes autoritaires.Les juges y sont réduits au silence, les avocats menacés, les journalistes condamnés pour avoir simplement fait leur métier.Quand des États confondent justice et vengeance, quand la prison devient une arme politique, l’humanité régresse.

Des jeunes femmes iraniennes brûlant leur voile au risque de la mort, des journalistes russes fuyant leur pays pour dire la vérité, des manifestants algériens pacifiques emprisonnés — autant de visages de la dignité humaine qui résiste à l’indignité des pouvoirs.


III. Les régressions grossières dans les démocraties fatiguées

Mais le plus troublant demeure que même les démocraties, parfois épuisées, peuvent régresser de manière brutale.Aux États-Unis, sous Donald Trump, on a vu l’exécutif tenter de soumettre la justice, de faire pression sur les magistrats, d’instrumentaliser le ministère de la Justice pour harceler ses adversaires politiques. Des journalistes ont été poussés à la démission, des médias menacés, des lignes éditoriales dictées depuis la Maison-Blanche.Ce furent des régressions grossières — parce qu’elles attaquaient de front des piliers de la démocratie.


« Quand la politique s’empare de la justice, la liberté recule. »— Robert Badinter


En Hongrie ou en Turquie, le pouvoir a également mis au pas les juges et les médias. En France même, certaines dérives populistes ou sécuritaires rappellent à quel point les libertés publiques sont fragiles.Il ne faut pas de dictature pour que la justice se dégrade; il suffit parfois de l’indifférence, du cynisme ou de la peur.


IV. La vigilance, ultime vertu démocratique

Robert Badinter n’a cessé de le rappeler : la justice est un combat quotidien. Elle exige du courage, de la raison et de la mémoire.Les démocraties ne meurent pas d’un coup ; elles s’effritent par la complaisance envers l’injustice, par le silence face aux humiliations, par le renoncement à la vérité.


« Il faut toujours choisir le camp de la justice, même quand il est minoritaire. »


Dans un monde où l’information sature les consciences et où la vérité devient relative, la vigilance citoyenne est devenue la nouvelle résistance.C’est elle, désormais, la lutte subtile : celle qui refuse la banalisation du mensonge et la tentation du renoncement.

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