L'IA Déclare...
On imagine souvent que notre personnalité est le fruit de nos choix. C’est une illusion. En réalité, elle s’est construite sans nous — avant même que nous ayons la moindre conscience de nous-mêmes. Nous naissons quelque part, dans une culture, une religion, une langue, une couleur de peau, une classe sociale, une famille. Nous héritons de leurs blessures, de leurs espoirs, de leurs limites. Nous sommes formés, moulés, conditionnés. Nous sommes, pour l’essentiel, le produit d’un hasard géographique et biologique.
Ce que nous appelons « moi », ou plus poétiquement l’ego, est une architecture hasardeuse.Chaque souvenir, chaque peur, chaque réussite, chaque humiliation devient une brique de notre édifice intérieur. Et, comme dans toute construction, il y a des murs porteurs — nos valeurs, nos convictions — mais aussi des fissures, des zones d’ombre, des décorations inutiles destinées à cacher les fragilités.
Réduire l’emprise au sol de l’ego
Pour vivre en paix, il ne s’agit pas de détruire cette construction, mais de réduire son emprise au sol — pour reprendre une métaphore du bâtiment. C’est-à-dire : alléger, simplifier, rendre plus souple.Identifier les faiblesses : ces croyances qui nous enferment, ces jugements automatiques hérités de nos parents ou de notre milieu, ces peurs d’enfant qui dictent encore nos réactions d’adulte. Éliminer les redondances : ces justifications inutiles qui ne servent qu’à défendre une image de soi.Supprimer les rigidités : ces certitudes qui interdisent l’évolution. Dépoussiérer les coins sombres : ces zones refoulées de la mémoire qu’on évite par peur de souffrir.Gratter les apparences clinquantes : ces masques qui veulent convaincre le monde — et soi-même — que tout va bien.
Alléger l’ego, c’est se rendre à nouveau disponible à la vie. C’est permettre au réel d’entrer sans être déformé par nos filtres.
Penser contre soi-même
Mais alléger ne suffit pas. Il faut entretenir cet équilibre fragile. Et pour cela, il est parfois nécessaire de penser contre soi-même.
Penser contre soi-même, c’est accepter de se contredire. C’est interroger ses propres réactions, ses automatismes, ses colères, ses enthousiasmes. C’est oser dire : « Et si j’avais tort ? » C’est un acte de lucidité et de courage.
Dans le couple
Penser contre soi-même, c’est, par exemple, cesser d’avoir raison. C’est écouter avant de répondre. C’est reconnaître qu’on projette sur l’autre nos blessures d’enfance : le besoin de reconnaissance, la peur de l’abandon, le besoin de contrôle. C’est se dire : « Peut-être que je ne souffre pas de ce que l’autre fait, mais de ce que j’interprète. »
Au travail
C’est remettre en cause sa posture : ai-je besoin d’avoir raison ou d’être utile ? Est-ce que je cherche à briller ou à contribuer ? Est-ce que ma rigidité n’est pas une peur déguisée — peur du jugement, peur de l’échec, peur de perdre le contrôle ? Penser contre soi-même, c’est parfois reconnaître qu’on est son propre frein.
Dans la famille
C’est accepter que nos parents ont fait ce qu’ils ont pu, que nos enfants ne nous doivent pas leur bonheur, que nos rôles sont temporaires et mouvants. C’est admettre que certaines blessures sont transmises, mais qu’il est de notre responsabilité d’interrompre la chaîne.
En politique
C’est avoir le courage d’écouter ce qu’on ne veut pas entendre. C’est admettre que nos convictions sont le fruit d’un contexte, d’un milieu, d’une histoire personnelle — pas d’une vérité universelle. C’est comprendre que toute idéologie repose sur une part d’aveuglement volontaire.
L’art de se délester
Penser contre soi-même, ce n’est pas s’auto-flageller. C’est un travail de dégagement intérieur : ôter ce qui nous encombre pour faire place à plus de lucidité, plus de liberté. C’est accepter d’être un chantier permanent, sans chercher à finir la maison. Car le bonheur, au fond, n’est pas d’habiter un édifice parfait, mais d’habiter un espace intérieur aéré, souple, vivant, où l’on peut accueillir le changement sans trembler.
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