L'IA Déclare...
De l’Amérique latine au monde arabe, en passant par l’Afrique et l’Asie, un sentiment anti-occidental s’amplifie, souvent exprimé avec virulence dans les médias sociaux, les discours militants, et les forums politiques des pays dits du « Sud global ». Ce rejet prend pour cible non seulement les politiques des États-Unis et de l’Europe, mais plus profondément l’idée même de démocratie « occidentale », perçue par beaucoup comme hypocrite, dominatrice, et complice d'injustices planétaires.
Les fondements du rejet : un héritage lourd et un présent arrogant
Il faut d’abord reconnaître les raisons historiques et contemporaines qui alimentent cette colère :
Passé colonial et guerres impérialistes : l’Europe a bâti une grande partie de sa richesse sur le pillage des ressources et l’asservissement de peuples entiers. Les cicatrices du colonialisme en Afrique, en Asie ou au Moyen-Orient restent ouvertes.
Interventions militaires unilatérales : des exemples récents comme l’invasion de l’Irak en 2003, l’intervention en Libye en 2011 ou encore le soutien à des coups d'État (Chili, Égypte…) renforcent l’image d’un Occident agissant hors du droit international, sous couvert de morale.
Deux poids, deux mesures : l’instrumentalisation de l’ONU, du droit international ou du Conseil de sécurité dans les conflits mondiaux est régulièrement dénoncée. Le cas de la Palestine, où les résolutions de l’ONU restent lettres mortes, alors qu’Israël bénéficie d’un soutien inconditionnel des États-Unis, cristallise cette indignation.
Favoritisme occidental envers Israël : au Congrès américain, plus de 300 membres de la Chambre et 70 sénateurs soutiennent directement ou indirectement les positions pro-israéliennes, à travers des votes, des déclarations ou leur affiliation avec lobby AIPAC (American Israel Public Affairs Committee). À l’inverse, très peu d’élus défendent activement les droits des Palestiniens – on peut citer des figures isolées comme Rashida Tlaib ou Ilhan Omar, souvent marginalisées ou critiquées pour leurs positions.
L’illusion de l’alternative : la tentation autoritaire
Face à cette domination occidentale perçue comme cynique, certains peuples ou dirigeants se tournent vers des modèles autoritaires : la Russie de Vladimir Poutine, la Chine de Xi Jinping, ou encore l’Iran des mollahs.
Cette quête d’un « rééquilibrage » se fonde sur l’idée que l’Occident n’a plus le monopole du pouvoir, ni de la morale. Pourtant, ces régimes alternatifs sont eux-mêmes profondément antidémocratiques, censurent les contre-pouvoirs, répriment les minorités, et ne garantissent ni les droits fondamentaux ni les libertés individuelles.
Une méconnaissance du fonctionnement démocratique
La haine exprimée envers les démocraties occidentales relève souvent d’une incompréhension structurelle de leur fonctionnement.
En démocratie, le pouvoir est — en principe — le fruit de la représentativité, équilibré par des contre-pouvoirs : presse libre, justice indépendante, syndicats, associations, parlement pluraliste. Ce n’est pas un bloc homogène guidé par une morale fixe. Il peut être instrumentalisé, biaisé ou déséquilibré… si la diversité sociale ou ethnique n’est pas représentée dans ses institutions.
Prenons l’exemple de la cause palestinienne ou de pays comme le Liban, l’Algérie ou la Palestine même, qui disposent de diasporas puissantes, instruites, financièrement solides. Pourtant, elles ne parviennent pas à se structurer pour influencer efficacement les centres de pouvoir : Congrès américain, Parlement européen, médias mainstream, think tanks.
L’absence de représentation = l’absence d’influence
Une représentation pro-israélienne écrasante au Congrès américain
Le Congrès des États-Unis, composé de 435 membres à la Chambre des représentants et 100 sénateurs, est considéré comme l’un des parlements les plus favorables à Israël au monde. Cette inclinaison n’est pas uniquement idéologique : elle est le fruit de décennies de lobbying intensif, mené notamment par l’AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), et d’autres organisations comme Christians United for Israel, JINSA, ou ADL.
Quelques chiffres clés :
À la Chambre des représentants (435 membres) :
Environ 330 à 350 membres (soit 76 % à 80 %) soutiennent systématiquement les positions israéliennes dans leurs votes, co-signatures de résolutions, déclarations publiques ou participation aux voyages sponsorisés par l’AIPAC.
Par exemple, en 2023, 331 représentants ont voté en faveur d’un projet de loi qui augmentait l’aide militaire à Israël, malgré les critiques sur la situation à Gaza.
Au Sénat (100 membres) :
Environ 85 à 90 sénateurs (85 % à 90 %) sont identifiés comme soutiens réguliers ou constants des politiques israéliennes.
Des figures comme Chuck Schumer, Lindsey Graham, Bob Menendez, ou Mitch McConnell sont ouvertement pro-israéliens et bénéficient souvent de soutiens directs ou indirects de la part de groupes pro-Israël.
AIPAC a investi en 2022 plus de 40 millions de dollars pour soutenir des candidats pro-israéliens lors des primaires démocrates et républicaines, un montant record dans l’histoire de son action politique directe (ce qu’il ne faisait pas avant 2020).
Soutien actif vs passif :
Environ 250 élus (soit plus de 50 % du Congrès total) sont activement engagés (votes, interventions, financements reçus).
Le reste (80 à 100 membres) sont considérés comme soutiens passifs ou silencieux, qui votent dans le sens pro-israélien sans s’engager publiquement.
⚖️ Et les soutiens à la cause palestinienne ?
La représentation est infime et souvent marginalisée :
À la Chambre :
Seuls 6 à 8 représentants prennent des positions régulières en faveur des droits des Palestiniens, dont :
Rashida Tlaib (Palestinienne d’origine)
Ilhan Omar
Alexandria Ocasio-Cortez
Cori Bush
Ayanna Pressley
Jamaal Bowman (bien que ses positions aient fluctué)
Au Sénat :
Bernie Sanders est l’un des rares sénateurs à critiquer ouvertement le gouvernement israélien, tout en défendant le droit d’Israël à exister.
En résumé, moins de 2 % du Congrès expriment un soutien actif ou critique constructif envers les droits des Palestiniens.
Conclusion chiffrée
Pro-Israël actif ou passif au Congrès US : environ 85 %
Pro-palestinien actif : moins de 2 %
Budget annuel d’aide militaire américaine à Israël : 3,8 milliards de dollars
Total cumulé d’aides US à Israël depuis 1948 : plus de 150 milliards de dollars (en dollars constants)
Ce déséquilibre massif n’est pas le fruit du hasard, mais d’une stratégie de représentation structurée, d’alliances inter-partisanes, et de financements efficaces. La diaspora palestinienne, bien que nombreuse, éduquée, et parfois influente dans certains secteurs, n’a pas réussi à constituer un lobby cohérent, financé et puissant à même de peser dans l’arène politique américaine.Bernie Sanders (critique des excès d’Israël mais défenseur du droit d’Israël à exister)
ET, le déséquilibre est écrasant, non pas parce que la démocratie est immorale, mais parce que les représentations sont inégales. Ce déséquilibre n’est pas une fatalité : il peut être corrigé par une mobilisation structurée, civile, et stratégique des diasporas.
Conclusion : moins de colère, plus d’organisation
Il est légitime de critiquer l’arrogance ou les hypocrisies des puissances occidentales. Mais il est contre-productif de rejeter la démocratie elle-même, ou de croire que les dictatures autoritaires représentent une alternative viable ou morale.
Ce n’est pas la démocratie qui est immorale, ce sont les acteurs dominants en son sein, ceux qui sont présents, influents, organisés. Si les peuples du Sud veulent rééquilibrer la balance, ils doivent investir les institutions démocratiques, les médias, les parlements, les universités. C’est là — et non dans la rue, ni dans les bras de Poutine ou Xi Jinping — que les décisions se prennent.