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Un combat perdu face aux mauvaises nouvelles et aux réseaux sociaux
En politique, toutes les nouvelles ne se valent pas. Une « bonne nouvelle » – une réforme réussie, une baisse du chômage, un accord diplomatique – vit rarement plus de quelques jours dans l’espace médiatique. À l’inverse, une « mauvaise nouvelle » – un scandale, une bavure, une phrase mal interprétée – se propage, se répète, s’enfle et finit par s’installer durablement dans l’opinion. Cette asymétrie, amplifiée par les réseaux sociaux, transforme profondément la relation entre gouvernants et citoyens.
La bonne nouvelle : un souffle court
Les bonnes nouvelles politiques sont structurellement fragiles.
Durée de vie médiatique limitée : l’annonce d’une baisse du chômage, par exemple, est relayée un ou deux jours, avant d’être éclipsée par un autre événement.
Peu de partage sur les réseaux sociaux : les citoyens retweetent ou commentent rarement un succès gouvernemental. Le positif ne crée pas de buzz.
Perception biaisée : une action réussie est souvent jugée comme normale, voire insuffisante, et ne génère pas de capital politique durable.
Sous Emmanuel Macron, on peut citer plusieurs bonnes nouvelles :
Économie et emploi
Chômage en forte baisse : tombé sous les 7 % en 2023, son plus bas niveau depuis 15 ans.
Attractivité économique : la France est restée première destination européenne pour les investissements étrangers six années consécutives (EY Barometer).
Réformes structurelles : transformation de l’assurance chômage et encouragement de la formation professionnelle.
Santé publique et pandémie
Campagne vaccinale Covid-19 : partie difficilement, elle a finalement permis d’atteindre une couverture vaccinale parmi les plus élevées d’Europe.
Soutien massif à l’hôpital avec le « Ségur de la santé » (2020) et revalorisation salariale historique du personnel soignant.
Transition écologique et énergie
Accélération des renouvelables : développement de l’éolien offshore (premier parc en service en 2022) et du solaire.
Relance du nucléaire : annonce de la construction de six nouveaux EPR et prolongation des centrales existantes.
Plan hydrogène et investissement massif dans les batteries électriques.
Politique industrielle et souveraineté
Réindustrialisation ciblée : implantation de gigafactories de batteries (Dunkerque, Douai) et d’usines de semi-conducteurs.
Soutien à l’innovation : « France 2030 », plan d’investissement de 30 milliards € pour les technologies d’avenir (IA, biotechnologies, espace).
Dimension internationale
Leadership européen : rôle moteur dans la gestion de la crise énergétique après l’invasion de l’Ukraine.
Accords commerciaux et diplomatie : maintien du dialogue avec les grandes puissances, y compris dans des contextes tendus (Chine, Russie).
Renforcement de la défense européenne : montée en puissance de l’Europe de la Défense avec des programmes franco-allemands (SCAF, MGCS).
Sociétal et éducation
École primaire priorisée : dédoublement des classes de CP et CE1 en zones défavorisées.
Service national universel (SNU) : expérimentation d’un outil de cohésion civique.
Réforme de l’apprentissage : explosion des contrats d’apprentissage (plus de 1 million en 2023, record historique).
Ces résultats sont significatifs mais ne génèrent pas de capital politique durable : chacun est vite éclipsé par la polémique suivante... Ces annonces n’ont pourtant pas marqué durablement l’opinion. Elles disparaissent vite du débat public, remplacées par la polémique suivante.
La mauvaise nouvelle : un effet cumulatif et ravageur
Les mauvaises nouvelles, en revanche, ont une vie longue et intense :
Amplification émotionnelle : elles choquent, indignent, et se partagent massivement.
Rebond médiatique : chaque nouvel élément, même mineur, ravive la polémique.
Effet cumulatif : elles nourrissent un récit global de défiance, qui engloutit les actions positives.
Chez Macron, les exemples sont nombreux :
« Les gens qui ne sont rien » (2017) ou « traverser la rue pour trouver du travail » (2018) : deux petites phrases, banales sorties de leur contexte, mais devenues des stigmates d’un président perçu comme arrogant.
Réforme des retraites (2023) : au-delà du contenu, l’usage du 49.3 a cristallisé un sentiment d’autoritarisme.
Affaire Benalla (2018) : un épisode isolé, mais dont la médiatisation intense a durablement écorné l’image présidentielle.
Chaque mauvaise nouvelle s’accumule, formant une mémoire négative collective, tandis que les bonnes actions s’effacent. Résultat : le citoyen garde davantage le souvenir des erreurs que des réussites.
L’effet dévastateur des réseaux sociaux
Les réseaux sociaux aggravent cette asymétrie. Ils :
privilégient le contenu sensationnel, donc souvent négatif,
créent des chambres d’écho où la critique se répète et s’intensifie,
laissent circuler des fake news, plus virales encore que les mauvaises nouvelles réelles.
Dans ce climat, les démocraties libérales comme la France semblent mal dimensionnées pour résister :
Le temps long des réformes s’oppose au temps court de l’instantanéité numérique.
La rationalité politique se heurte à l’émotion amplifiée.
Le dialogue citoyen se réduit au clash permanent.
Les Chiffres
Interview de Macron par Brut (2020) :
Vue par plus de 7 millions de jeunes sur les réseaux sociaux. Le Figaro
L’entretien TV / info en continu a réuni plus de 6,6 millions de téléspectateurs. Le Figaro
Sur Snapchat, la “story” a généré plus de 100 millions de snaps vus pour ce même format éphémère. Le Figaro
=> C’est un exemple de bonne nouvelle / bonne communication, relativement bien reçue.
Présidentielle / vidéos sociales :
Dans un mois récent (non précisé exactement), l’ensemble des contenus vidéo autour des candidats (officiel, médias, etc.) a généré environ 482,69 millions de vues. Ozap
Emmanuel Macron représente 202,88 millions de vues de ce total, soit ~ 42 %. Ozap
=> Cela montre l’ampleur de visibilité que peut avoir un homme politique, pour l’ensemble des contenus (positifs, négatifs, neutres). Mais ce chiffre ne distingue pas “bonne nouvelle vs mauvaise nouvelle”.
Étude sur “Why social media users like sharing negative news” (Cambridge Judge Business School) :
Les utilisateurs sont 1,91 fois plus susceptibles de partager une information négative plutôt qu’une information positive. Cambridge Judge Business School
Facebook : les contenus négatifs sont “postés” ~98 % plus que les contenus positifs (dans certaines analyses). Cambridge Judge Business School
=> Cela donne une proportion, un ratio, qui montre que les mauvaises nouvelles ont un potentiel de viralité beaucoup plus élevé que les bonnes.
Ce que l’on peut en inférer
Si une bonne nouvelle (par exemple l’interview ou un succès politique) atteint 7 millions de vues parmi les jeunes, une “mauvaise nouvelle” comparable (scandale, polémique) pourrait potentiellement atteindre deux à trois fois ce chiffre — voire davantage — si elle suscite émotion, dispute ou indignation, selon les ratios de partage négatif vs positif (1,9× plus de partages pour le négatif).
Le temps pendant lequel une mauvaise nouvelle reste “dans le top des sujets” est souvent plus long : elle suscite des rebonds (commentaires, analyses, reprises, tribunes, etc.), tandis qu’une bonne nouvelle est rarement revisitée une fois publiée.
Conclusion : une démocratie fragilisée
La conséquence est lourde : une lassitude, un cynisme et une défiance croissante à l’égard de la vie politique. La gouvernance devient plus compliquée qu’avant l’ère des réseaux sociaux. Les bonnes nouvelles, peu visibles et vite oubliées, ne peuvent plus contrebalancer l’accumulation des mauvaises.
Ainsi, la démocratie française – et plus largement les démocraties occidentales – n’est pas équipée pour résister à l’assaut numérique des mauvaises nouvelles et des fake news. Ce déséquilibre mine la confiance dans les institutions et, à terme, peut rendre un pays comme la France quasiment ingouvernable.
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