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La Raison Paramagique et le Sous-Développement

Sep 26, 2024

Temps de lecture : 4 min

Un Contraste entre le Japon et d'Autres Sociétés

Le développement des sociétés humaines repose sur plusieurs facteurs, dont l'organisation sociale, l'éducation, l'économie, et la culture. Un aspect souvent négligé mais crucial dans ce cadre est la manière dont les croyances, notamment religieuses et superstitieuses, influencent le comportement collectif et le progrès d'une société. Ce phénomène peut être abordé à travers le concept de "raison paramagique", qui se définit comme un mode de pensée où les explications et décisions reposent sur des croyances irrationnelles, magiques ou superstitieuses, plutôt que sur la logique, la science, ou la rationalité.

L’analyse de la relation entre la raison paramagique et le sous-développement amène à observer des différences significatives entre des nations comme le Japon, influencées par des croyances ancestrales comme le shintoïsme, et certains pays africains ou musulmans où des pratiques magico-religieuses semblent parfois freiner le progrès économique et social.


Le Japon : Une Fusion de Croyances et de Modernité

Le shintoïsme, religion autochtone du Japon, repose sur une croyance en des esprits (kami) qui habitent les éléments naturels, ainsi que sur des rituels visant à maintenir l'harmonie entre les humains et ces esprits. Cette croyance peut paraître archaïque et fondée sur des superstitions qui relèvent d’une forme de raison paramagique. Toutefois, la spécificité du Japon réside dans sa capacité à intégrer ces croyances sans compromettre le développement technologique et économique.


Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette différence :

  1. La flexibilité du shintoïsme : Contrairement à d'autres systèmes religieux plus rigides, le shintoïsme s'est facilement adapté aux changements sociaux et politiques. Le Japon a su tirer parti de la modernisation lors de l'ère Meiji (1868-1912), en adoptant les technologies occidentales tout en conservant ses traditions religieuses. Ainsi, au lieu d'entraver le développement, la religion a joué un rôle plus culturel que dogmatique.

  2. La cohabitation avec la science : Le Japon, tout en maintenant ses traditions spirituelles, a rapidement adopté la science et la technologie comme piliers du développement. Les croyances shintoïstes n’ont pas supplanté les systèmes éducatifs ni les institutions économiques. Cela contraste avec des sociétés où les pratiques paramagiques interfèrent avec les politiques publiques ou les investissements dans l’éducation et la recherche.

  3. La place de l’éthique et de la communauté : La croyance dans les kami et le respect des ancêtres a favorisé une forme de cohésion sociale et un sens du devoir collectif. Ce type d’éthique communautaire a aidé à renforcer les institutions et à maintenir une discipline qui a soutenu la croissance économique rapide.


Afrique et Monde Musulman : Raison Paramagique et Obstacles au Développement

En Afrique et dans certains pays musulmans, des formes de raison paramagique influencent largement les pratiques sociales et économiques. Ces croyances, qui vont de la sorcellerie à la divination, ont des impacts négatifs sur les sociétés dans plusieurs domaines.

  1. Freins à la rationalité scientifique : Dans certaines régions d’Afrique, la croyance en la sorcellerie et en la magie occulte demeure puissante, influençant les décisions politiques, judiciaires et économiques. Par exemple, des dirigeants peuvent consulter des devins avant de prendre des décisions importantes, tandis que certaines maladies sont attribuées à la magie noire plutôt qu’à des causes biologiques ou environnementales. Cela détourne les ressources qui pourraient être allouées à l’éducation et à la recherche scientifique, essentiels pour le développement.

  2. Sociétés fragmentées et absence de solidarité nationale : La croyance en la sorcellerie divise souvent les communautés. Les accusations de sorcellerie peuvent créer des tensions et des fractures sociales, freinant la coopération nécessaire pour le développement économique. Dans certains pays, des villages entiers peuvent être ostracisés en raison d'accusations de pratiques occultes, ce qui affaiblit le tissu social.

  3. Le fatalisme religieux et l’immobilisme : Dans certaines sociétés musulmanes, une lecture littérale de la prédestination (le destin étant vu comme entièrement contrôlé par Dieu) peut générer un sentiment d'impuissance face aux défis socio-économiques. Cette attitude fataliste empêche parfois l'adoption d'initiatives de changement. Alors que d’autres sociétés investissent dans l'innovation et les réformes sociales, des comportements guidés par la raison paramagique peuvent encourager l'acceptation passive des difficultés, limitant les efforts pour les surmonter.

  4. Exemples concrets :

    • En Tanzanie, le recours à la sorcellerie pour expliquer des phénomènes naturels ou économiques a conduit à des actes violents, comme les attaques contre les albinos, dont les membres sont considérés comme ayant des pouvoirs magiques.

    • Dans certaines parties du monde musulman, la méfiance vis-à-vis des progrès scientifiques est palpable dans les domaines de la santé et de l'éducation, où des vaccinations et des réformes scolaires ont été rejetées sous prétexte qu'elles contrediraient les enseignements religieux ou favoriseraient des complots.


La Clé du Développement : Rationalité, Institutions et Croyances

Le contraste entre le Japon et certains pays africains ou musulmans montre que le simple fait d'avoir des croyances paramagiques ou des superstitions n'explique pas à lui seul le sous-développement. Ce qui importe davantage, c’est la manière dont ces croyances interagissent avec les institutions politiques, économiques et éducatives.


  • Japon : Les croyances traditionnelles ont été intégrées à un cadre moderne où la science, la technologie et l’éducation dominent le développement, avec une société qui sait tirer parti des deux.

  • Afrique et monde musulman : Dans certains cas, la raison paramagique tend à paralyser les efforts de modernisation en affaiblissant la rationalité scientifique, en fragmentant la société et en instillant un sentiment d’immobilisme.


Ainsi, le véritable facteur de succès réside dans la capacité à mettre en place des institutions robustes, à promouvoir la science et l'éducation, et à encadrer les croyances traditionnelles pour qu'elles ne deviennent pas un obstacle au progrès.


Conclusion

La raison paramagique, bien qu'elle fasse partie intégrante de certaines cultures, n’est pas un déterminant absolu du sous-développement. Ce qui fait la différence, c’est la manière dont les sociétés parviennent à équilibrer croyances et rationalité, traditions et modernité. Le Japon montre qu’il est possible d’embrasser une spiritualité ancienne tout en favorisant l’innovation et le développement, tandis que d’autres nations doivent surmonter les impacts négatifs de la raison paramagique pour progresser.

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